Notre désintérêt, c’est l’intérêt de la droite

L’affaire de l’abstention aux cantonales de 2011 n’est pas à prendre à la légère. Dans les prochains jours, beaucoup commenteront ce chiffre de 55% comme ils l’ont déjà fait ce soir (dimanche). Ils diront que l’abstention est le signe du désintérêt des français pour la politique. Soit. Mais peu nombreux sont ceux, dans le système médiatico-politique, qui tenterons réellement de comprendre les causes de ce désintérêt. La droite dira qu’elle doit regagner la confiance des français, en continuant les réformes.

Cependant, une chose ne manquera pas d’en étonner plus d’un : on aura beaucoup plus parlé de l’abstention après l’élection que des programmes politiques des partis dans les semaines qui l’auront précédée. Or, si la droite n’a peut-être pas directement intérêt à la présence d’une abstention massive, elle ne peut prendre le risque de voir le peuple s’intéresser de plus prés aux enjeux des élections. Tout s’est déroulé sur ce plan à merveille. Tout d’abord, un silence de mort a accompagné la campagne dans les médias. Et celui-ci ne date pas des évènements au Japon.

Les journalistes ont semblé oublier qu’il y avait une autre élection avant la présidentielle de 2012. Qui sait si certains ne s’en sont pas aperçu aujourd’hui ? Sur le site du Monde, on peut trouver un article intitulé « Premier tour des cantonales : la radiographie d’un scrutin ». En guise de radiographie, l’article reprend les données transmises par le ministère de l’intérieur, examinée par le « service informatique du Monde interactif ». Il compare le nombre de candidats des partis, et  il oppose notamment ceux du Parti Communiste Français et du Parti de Gauche… « le PCF de Pierre Laurent bénéficie d’une plus grande visibilité que le PG de Jean-Luc Mélenchon ». On pourrait croire à une analyse politique fine sur le poids des différentes forces à l’intérieur du Front de Gauche, mais il n’en est rien ! En effet, toutes les organisations nationales en lice sont citées dans cet article de plus de 5000 signes, sauf le Front de Gauche ! Son existence est tout simplement ignorée. On s’étonne un petit peu, et puis on comprend : il n’apparait pas non plus dans les données du ministère… Ailleurs, d’autres journalistes analysent : « la campagne a été très discrète. » Mais que leur faut-il ? Je peux dire qu’avec les camarades du Front de Gauche dans les Hauts-de-Seine nous étions tous mobilisés, et que beaucoup ont consacré tout leur temps libre à défendre leur candidat et leurs idées ! Ceux qui ont été discret durant cette campagne, ce ne sont pas les militants, ce sont les médias ! Nous ne les avons quasiment jamais vu.

La droite a essayé de faire campagne tout en évitant le débat. Le but était de faire oublier les enjeux de ce scrutin. France 3 le remarque enfin ce soir ! Les sorties xénophobes des responsables de l’UMP allaient bien sûr dans ce sens. Il s’agissait d’attirer des électeurs sans prendre le risque d’exposer des propositions politiques concrètes pour répondre aux problèmes du peuple, et surtout sans prendre le risque d’avoir à les confronter à celles de la gauche. Cela a d’abord eu pour effet de renforcer le FN (les chiffres de ce soir en sont le signe), mais surtout, cela montre bien l’impasse dans laquelle se trouve la droite actuellement. Après des années de politiques libérales qui ne vont qu’en s’empirant, après la contre-réforme des retraites, la casse des services publiques, le bouclier fiscal, elle n’a plus d’arguments pour faire passer sa politique auprès du peuple. Elle pensait avoir tout intérêt alors à dépolitiser le scrutin ! Mais lorsque pour cacher son incompétence, on ne trouve rien de mieux à faire que de s’efforcer de parler d’autre chose, on ne peut qu’alimenter le vote anti-républicain que représente le FN.

À l’inverse, le débat démocratique, s’il avait toute sa place dans notre société, ne pourrait que jouer en notre faveur. Nous savons comment apporter des solutions à la crise : en renversant la logique du système capitaliste qui l’a engendré et que la droite défend. Voilà pourquoi il leur faut ostraciser les contestataires que nous sommes… En effet, les manœuvres du ministère de l’intérieur visant à cacher les véritables résultats du Front de Gauche peuvent être qualifiée d’anti-démocratiques. Le suffrage universel doit être respecté. Il n’est pas acceptable que le vote des électeurs ne soit pas reconnu pour ce qu’il est : un vote en faveur d’une unité à la gauche du PS. La droite ne veut pas reconnaître la progression qu’a connu cette autre gauche depuis les élections européennes et régionales ! Celle-ci est néanmoins réelle. Elle traduit le ras-le-bol ressenti par un grand nombre d’entre nous envers un système politique qui fonctionne de telle manière qu’il ne les représente plus. Elle traduit la prise de conscience qu’il faut mettre toutes nos forces dans cette nouvelle alternative qui se présente à travers le Front de Gauche. C’est à nous de montrer que la seule réponse possible est celle de la radicalité concrète à gauche.

 Guillaume Royer

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